Simone Aubert se situe à l’embranchement de multiples voies : musique, installations, mise en sons à l’attention des arts vivants. Une polyvalence qui se décline également dans les outils qu’elle empoigne : batterie, guitare, machines diverses, et sa propre voix – «Je ne maîtrise aucun instrument, mais je suis capable de m’amuser avec chacun d’entre eux», dit-elle avec une modestie que font mentir la précision et l’inventivité de son jeu dans toutes ces configurations. Autodidacte, à coup sûr ; instinctivement juste, tout autant.

L’esthétique de Simone Aubert n’est pas plus réductible à un canon particulier (encore moins à un «genre»), même si l’on y retrouve quelques marqueurs récurrents : un recours fréquent à la polyrythmie (grâce à laquelle elle donne corps à cet apparent paradoxe que serait une fluidité anguleuse) ; un goût pour les itérations modulées ; la reconnaissance de la dissonance comme terrain fertile ; un lyrisme décanté, porteur à la fois de colère froide («Je fais de la musique comme je pousse un coup de gueule», dit-elle encore) et d’espoir.

Dans ses multiples projets ou au sein des entités qu’elle a (co-)fondées, Simone Aubert aménage ainsi des espaces volontairement instables, des déséquilibres provoqués, qui sont autant d’appels au débat et au dialogue. Et c’est bien là, finalement, que l’on retrouvera une constante de son expression artistique : celle qui permet de lancer des ponts et de construire des communautés – autrement dit : de faire société.

Bio :

Simone Aubert est née en 1981 à Neuchâtel. Elle est batteuse, guitariste, chanteuse, compositrice, et au bénéfice d’une formation aux Beaux-Arts de Genève. Au tournant du millénaire, elle baigne dans l’univers des squats lausannois, et intégrera la légendaire formation Jmenfous, avec laquelle elle sillonnera l’Europe. Parvenue au bout du Léman, elle co-créera plusieurs groupes : Massicot, Hyperculte, Tout Bleu, Yalla Miku. On lui doit aussi de nombreuses pièces, tant pour des compagnies de danse que pour des ensembles contemporains.

biographie écrite par Philippe Simon

Bio

Sa carrière musicale démarre en 2001 à 20 ans, lorsque, vivant avec un collectif d'artistes à Lausanne et entamant ses études aux Beaux-arts de Genève, elle rencontre des musiciens anglais avec lesquels elle créera J'm'en Fous, son premier groupe. A 26 ans, fraîchement diplômée, elle a déjà donné approximativement 400 concerts. L'expérience lui donnera les bases pour créer et diffuser ses futurs projets grâce au réseau qu'elle aura ainsi créé à l'international. Elle joue dans quatre formations en ce moment: Massicot, Hyperculte, Yalla Miku et Tout Bleu avec lesquelles elles offrent une centaines de concerts par année.

En parallèle à son travail au sein de formation "rock", elle est souvent invitée à composer pour le milieu du théâtre et de la danse avec ses univers sonores. Elle a travaillé entre 2017 et 2018 pour le chorégraphe David Drouard à Paris, et pour l'auteur metteur en scène de théâtre Jérôme Richer à Genève. Elle a collaboré avec l'artiste plasticienne sonore parisienne Cécile le Talec pour une création en 2020, avec les metteures en scène et chorégraphes Alexandra Camposampiero, Jessica Hubert, Marthe Krummenacher ou encore avec l'auteure Marina Skalova pour laquelle elle met en musique des lectures engagées.

En 2022, elle a travaillé sur le solo du danseur Pierre Piton à la Tanzhaus de Zürich et à l’Arsenic à Lausanne, haut-lieux de l’art scénique contemporain. Une nouvelle collaboration avec le chorégraphe Gilles Jobin a aussi vu le jour en 2022 au Plaza. Cette collaboration trouvera une suite en 2024 sur la nouvelle création de la compagnie Gilles Jobin à l'ADC à Genève. Elle a aussi réalisé en 2023 la BO de "Chienne", du metteur en scène Fabrice Gorgerat à la Grange de Dorigny. Ce monologue intense sera remis sur scène en mars 2024 au théâtre de Saint-Gervais à Genève.

Dans un registre plus contemporain et lié aux arts sonores, une récente commande lui a été passée par l’Ensemble Contrechamps, pilier des musiques contemporaines à Genève avec Massicot pour 14 cordes. Elle a aussi eu la chance d’être mandatée par les astrophysiciens de l’EPFL pour une création sonore autour des sons ramenés par un rover en patrouille sur la planète Mars en ce moment. Cette installation sonore octophonique lui a permis de développer une performance sonore qu'elle s'amuse à jouer dans un dispositif quadriphonique ultra immersif.

En plus de son travail en tant que compositrice et musicienne multi instrumentiste, Simone est aussi co-fondatrice et co-directrice artistique du festival BAZ'ART à Genève. Elle y met un point d'honneur à la découverte, à l'émergence des musiques inclassables et au développement de la scène locale. Simone a obtenu en 2016 la bourse de la Ville de Genève "Médiation en Art Contemporain" pour son travail de programmatrice.

Prix et Bourses

  • Lauréate 2024 d'un Prix Suisse de Musique décerné par l'Office Fédéral de la Culture

  • Lauréate 2021 de la FCMA Musique + avec Tout Bleu pour le disque OTIUM.

  • Lauréate 2021 de la Bourse de recherche Work In Progress de ProHelvetia avec Tout Bleu.

  • Lauréate 2021 de la Bourse de Recherche Covid de la Ville de Genève pour ses projets personnels de composition.

  • Lauréate 2020 de la Bourse d’Aide à la Création de la Ville de Genève pour ses travaux de compositions.

  • Lauréate 2020 de la Fondation pour les Musiques Actuelles (FCMA) pour l’album KRATT avec Massicot.

  • Lauréate 2017 de la Bourse pour les Musiques Actuelles de la Ville de Genève avec Massicot.

  • Lauréate 2016 de la Bourse Médiation en Art Contemporain de la Ville de Genève avec BAZ’ART.